Le développement du sous-secteur Electricité est d’une importance cruciale pour celui de Madagascar. En effet, malgré un potentiel conséquent en sources d’énergie renouvelables (7.800MW de potentiel hydroélectrique, un ensoleillement quasi-continu sur la majorité du territoire, des vents soufflant entre 6 et 9m/s au Nord et dans le Sud), le taux d’accès à l’électricité des Malgaches (15%) figure parmi les plus bas du monde, pénalisant non seulement les ménages, mais aussi les industries et les activités génératrices de revenus ayant recours à l’électricité.
Même si le sous-secteur a été libéralisé et ouvert à l’investissement privé par le biais de la loi n°98-032 du 20 janvier 1999 portant réforme du secteur Electricité à Madagascar, le nombre de Permissionnaires et de Concessionnaires est encore dans les faits limité. Cette situation est notamment due au faible taux de rentabilité des activités liées à l’électricité, la faiblesse su pouvoir d’achat des ménages, mais aussi à l’instabilité sociopolitique et à la lourdeur des procédures administratives qui dissuadent les investisseurs potentiels. La compagnie nationale d’eau et d’électricité, la JIRAMA, gère les trois seuls réseaux interconnectés en haute tension (HT) du pays – Antananarivo-Antsirabe (RIA), Toamasina (RIT) et Fianarantsoa (RIF) – et connaît depuis près d’une décennie des difficultés financières avérées dues à la vétusté de ses installations et à sa dépendance envers les hydrocarbures.
L’adoption de la Nouvelle Politique de l’Energie (NPE) en 2015, vise à améliorer cette situation et pose le défi de garantir l’accès durable de 70% des ménages à l’électricité et à l’éclairage, aux moyens d’un mix énergétique utilisant 75% d’hydroélectricité, 5% d’éolien, 5% de solaire et 15% de thermique en appoint des énergies renouvelables (EnR). Elle ambitionne de « répondre aux défis d’urgence économique, sociale et environnementale du pays » et dans sa vision « recommande une combinaison d’approche technologique et de méthodes préservant et développant les ressources naturelles énergétiques du pays. Ce processus consiste à développer un mix énergétique associant les EnR (dont en particulier l’hydroélectricité), les hydrocarbures et autres ressources thermiques, en exploitant au mieux toutes les possibilités d’expansion et d’interconnexion de réseaux ainsi que de mini-réseaux sur la base des principes du moindre coût et de la neutralité technologique, pour atteindre les objectifs énergétiques définis. »
La commission Electricité du GRE a activement participé à l’élaboration de la NPE en adoptant une démarche à la fois critique et constructive et en proposant des recommandations visant à rendre les objectifs posés plus réalistes. De même, la commission a été impliquée dans les consultations relatives à l’élaboration du Code de l’Electricité – en cours d’adoption – qui est destiné à remplacer la loi n°98-032. Ce Code constitue le principal instrument juridique permettant la mise en œuvre de la NPE et vise notamment l’intégration des EnR dans le mix de production, l’allègement des procédures d’octroi des différents permis d’exploitation et la mise en place d’un grid code destiné à mieux réglementer les opérations techniques.
Aujourd’hui, la petite hydroélectricité, le solaire et la biomasse – selon les disponibilités des ressources dans les zones concernées – constituent les meilleures options renouvelables en matière d’électricité à Madagascar, et il est impératif de créer un environnement propice à leur développement. La commission Electricité du GRE œuvre dans ce sens, tout en menant des activités d’éducation (conférences-débats, expositions, etc.) à l’efficacité énergétique, un autre défi de taille.